Ubérisation, robotariat, …quel est le futur de l’entreprise ?

Homme qui parle du futur de l'entreprise

Nous comptons au sein d’ODB conseils nombre de partenaires experts, aujourd’hui notre partenaire Alain Hemelinckx, spécialiste de la transformation digitale des PME, partage les pensées et réflexions de son confrère et ami, Bruno Teboul, Ph D, philosophe, auteur de « Robotariat, critique de l’automatisation de la société », chercheur en données, quel est le futur de l’entreprise ?

 

les évolutions technologies sont généralement vues comme des sources de progrès. En quoi elles vous dérangent ? Quel est le futur de l’entreprise ?

Bruno Teboul : « je ne suis pas technophobe ! Bien au contraire, j’apprécie les technologies numériques, je les utilise et je conseille les grandes entreprises face aux mutations qu’elles génèrent. Elles ont permis un accès sans précédent au savoir, elles ont dépolarisé le monde. Mais je ne suis pas non plus un techno-béat. Contrairement aux gourous de la Silicon Valley. Je ne crois pas que tous les problèmes du monde peuvent se régler à coups d’applications et d’algorithmes. Certaines solutions conviennent peut-être à certains marchés mais elles sont dangereuses pour l’Europe. Où s’est construit une culture d’entraide et de solidarité. Prenons Uber par exemple, qu’est-ce que cette entreprise a apporté comme valeur en Europe ? Rien du tout, Uber horizontalise tout mais elle ne contribue ni au développement des transports ni aux coûts sociaux. »

 Faut-il alors refuser les technologies et leurs solutions ?

« C’est une partie du problème : il n’existe pas d’alternative mais ça va se construire. Quelque chose va émerger, autour des valeurs de partage et de la coopération. Jusqu’alors, il était compliqué de critiquer les technologies sans passer pour un illuminé ou un conspirationniste. Dans le mouvement des start-ups, seul le discours « à la cool » était audible, tout écart était immédiatement taxé de conservatisme.

Aujourd’hui, on voit bien que ces technologies détruisent parfois plus qu’elles ne créent. et qu’on ne peut pas tous se transformer en esclaves des applications… Donc avec quelques uns, comme Bernard Stiegler, Ariel Kyrou, nous avons fondé un « Institut de la contre-culture numérique ». Non pas pour refuser le numérique mais pour y associer des valeurs qui nous semblent essentielles. Nous proposons des solutions, nous sommes optimistes et combatifs. La parution de plusieurs de nos tribunes dans de grands médias sont nos premières victoires. »

Est-ce que vous constatez des prises de conscience dans le monde politique ?

« Hélas, à part quelques propositions personne parle des  enjeux du passage d’une économie post-industrielle à une économie uberisée… Or il faudra bien que les États s’emparent de ces dossiers. Car les innovations à venir, l’automatisation, la robotisation, les algorithmes vont détruire plus d’emplois qu’ils vont créer. C’est pourquoi nous parlons de « disruption destructrice » pour évoquer les enjeux du numérique aujourd’hui.

Dans cet univers où toute la valeur est captée par les fournisseurs services. Comment allons-nous maintenir nos services publics si plus personne ne paie de taxes ? Quant aux millions d’emplois robotisés, qui ne concernent pas seulement les cols bleus mais tout autant les chirurgiens ou les assureurs, qu’allons-nous faire de tous ces gens ? Il y a de vraies questions à se poser, en terme de société, d’urgence. »

sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Teboul

https://www.editions-kawa.com/home/199-robotariat-critique-de-lautomatisation-de-la-societe.html